Coin des boulevards Milan et Lapinière
avant 1960
En 1611, le 7 juin, Samuel de Champlain, lieutenant du vice-roi de la Nouvelle-France, part en reconnaissance du côté de l’actuelle rivière Saint-Jacques. Il mentionne à ce propos dans son journal :
« Le septiesme jour je fus recognoistre une petite riviere par où vont quelques fois les sauvages à la guerre, qui se va rendre au saut de la riviere Yroquois : elle est forte plaisante, y ayant plus de trois lieues de circuit de prairies, & force terres, qui se peuvent labourer : elle est à une lieue du grand saut, & lieu & demi de la place Royale ».
Le 15 janvier 1635, les terres sur lesquelles coule cette rivière sont octroyées par la Compagnie des Cent-Associés (dirigé par Jean de Lauzon, père de François de Lauzon) au Sieur François de Lauzon seigneur de Lirec. De cet immense domaine, une partie constituée de deux lieues (environ 6.4 km) de front par quatre lieues (environ 12,8 km) de profondeur, située sur la rive sud de l’île de Montréal, est donnée par M. de Lauzon à la Compagnie de Jésus le 1er avril 1647. Cette partie de territoire concédée aux Jésuites sera dès lors connue sous le nom de la seigneurie de La Prairie de la Magdelaine.
Bien que la seigneurie de La Prairie de la Magdelaine soit créée en 1647, ce n’est qu’en 1667, année de la fin de la guerre entre les Iroquois et les troupes du régiment de Carignan-Salière, que les colons commencent à s’y établir définitivement. Le recensement de 1673 révèle que 47 personnes habitent le village de La Prairie et que 59 personnes habitent la Côte Saint-Lambert. La Côte Saint-Lambert comprend alors toutes les terres longeant le fleuve Saint-Laurent à partir de l’actuelle rue Victoria à Saint-Lambert, jusqu’à la rivière Saint-Jacques, soit à peu près le territoire de la ville de Brossard. L’emplacement même de la seigneurie participe grandement à son développement, car elle sert de couloir pour relier le fleuve Saint-Laurent à la rivière Richelieu. Ainsi, le recensement de 1697 montre que plusieurs nouvelles familles se sont établies sur ces terres. Parmi ces familles fondatrices, on dénombre les Foubert, les Voisins, les Dobignon, les Ducharme, les Laroche, les Moquin, les Lespérance, les Desneau, les Provençal, les Verdon, les Labonté, les Roy, les Lachapelle, les Rure, les Cahel, les Boyer, les Tissot, les Paillard, les Forand et les Longtain. La famille Brossard s’installe sur la Rive-Sud vraisemblablement vers le milieu du XVIIIe siècle, quelques 100 ans après les premiers colons. Le tout premier Brossard à laisser sa trace dans les archives à l’extérieur de l’île de Montréal est Claude-Charles Brossard qui se marie à La Prairie avec Catherine Jolliet le 3 février 1766.
Quelques années plus tard, les Américains se révoltent contre l’Empire britannique et la rébellion monte tranquillement vers la rive sud du Saint-Laurent. Au mois de mai 1775, à la tête des Green Mountain Boys, Ethan Allen met à mal une partie des forces britanniques et s’empare du fort de Ticonderoga. Puis, continuant son avancée vers le nord avec plus d’une centaine de soldats, il s’installe dans les environs de Longueuil au mois de septembre de la même année. Quelques jours plus tard, tous ces hommes marchent le long du fleuve en direction de la rivière Saint-Jacques. Le 24 septembre, à l’aide des hommes du Major John Brown, Allen et ses troupes quittent les berges du Saint-Laurent, juste en face de l’Île des Sœurs, afin d’utiliser le courant pour relier Montréal et l’attaquer. L’initiative est un échec et Allan est capturé, mais bientôt d’autres Américains reviennent avec le même but en tête. Après s’être emparées de plusieurs villages et seigneuries sur leurs passages, ces troupes repartent vers Montréal qui capitule aux mains des Américains le 12 novembre 1775. Une bonne partie du territoire de Brossard est alors sous occupation américaine. Au mois de mai 1776, les Britanniques reprennent Montréal et, au mois de juin, les Américains quittent le Québec. Durant les années qui suivent, près de 5000 mercenaires allemands, menés par le major général Friedrich Adolphus von Riedesel, viennent porter main forte aux Britanniques. Leur quartier général est implanté à La Prairie, les hommes se dispersent dans les alentours, et s’installent chez les paysans. À la fin des conflits, plusieurs de ces mercenaires s’installent définitivement en Nouvelle-France, changeant pour certains leurs patronymes germaniques pour un nom plus commun : Caux (Koch), Payeur (Beyer), Jomphe (Schumpff), Carpenter (Zimmerman)…
Maison de M. Jean-Paul Brossard
1983
Le 21 juillet 1836, la première voie ferrée publique canadienne, le Champlain and St. Lawrence Railroad, est inaugurée. Celui-ci relie Saint-Jean-sur-Richelieu à La Prairie en passant à l’ouest de la rivière Saint-Jacques. L’utilisation de cette voie ferrée est peu rentable et on détourne le trajet initial vers Brosseau Station (situé tout près du croisement actuel des rues Chemin des Prairies et Orient) dès 1850. Ce détour permet alors de joindre le village de Saint-Lambert qui se situe directement en face du port de Montréal.
En 1854, le régime seigneurial est aboli et, en 1855, la Corporation municipale de Laprairie est créée. Le chemin de fer continue son développement et de plus en plus de gens s’installent sur la Rive-Sud. Près de cent ans plus tard, en 1950, une partie du territoire de la Corporation municipale de Laprairie lui est amputée pour la création de la Municipalité de paroisse de La-Nativité-de-La Prairie. Et, en 1958, la Municipalité de paroisse de La-Nativité-de-La Prairie devient Brossard.
Références:
Michel Pratt. Brossard 1958-2008. Montréal : Éditions Histoire Québec. 2008. 212 p. Coll.« Société historique et culturelle du Marigot ».
Viateur Robert. « Revoyons un peu l’histoire… ». « Brossard 25 années de progrès » Cahier spécial de Courrier Brossard du mardi 4 octobre 1983, page 3.
Michel Pratt. Atlas historique : Boucherville, Brossard, Greenfield Park, LeMoyne. Longueuil, Saint-Bruno-de-Montarville, Saint-Hubert, Saint-Lambert. Longueuil : Société historique du Marigot. 2001. 159 p.
Joseph Chevalier. La Prairie : notes historiques à l’occasion du centenaire de la consécration de l’église. 1941. p.19-46.
Joseph-Edmond Roy. Histoire de la Seigneurie de Lauzon. Lévis : Société d’histoire régionale de Lévis, p.43-48.
The Canadian Encyclopedia. « Champlain and Saint Laurence Railroad ». En ligne <http://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/champlain-and-saint-lawrence-railroad/>
Commission des biens culturels du Québec. Étude de caractérisation de l’arrondissement historique de Laprairie. Septembre 2004. En ligne <http://www.cpcq.gouv.qc.ca/fileadmin/user_upload/docs/laprairie.pdf>
S. Nadeau / Bibliothèque de Brossard Georgette-Lepage